Faut-il rétablir le service militaire ?

Vous avez dû le voir, tout comme moi, nos militaires démobilisés sont d’une rare jeunesse. Si l’on considère que, selon les règlements des (actuelles anciennes) forces armées d’Haïti (FAD’H), il faut avoir dix-huit ans accomplis pour devenir soldat, ces militaires font vraiment très jeunes pour leur âge. Vingt-et-un ans après qu’un prêtre mal inspiré ait refusé l’absolution à et condamné à la déchéance l’institution, certains de ses membres ont l’air de fringants jeunes hommes de 23 ans.

Un ami, mauvaise langue, m’assure que si certains de ces hommes habillés en vert qui se promenaient dans nos rues aujourd’hui ont l’air d’avoir 23 ans, c’est que, en réalité, ils n’ont que 23 ans. Il en connaîtrait un qui, il n’y a pas si longtemps, traînait encore sur les bancs d’un lycée de la zone métropolitaine. Mon ami, logique et rationnel, a conclu à une vile imposture. Il se trompe probablement et la réalité est possiblement bien plus retentissante.

D’entrée de jeu, rejetons la thèse idiote qui vient de vous traverser l’esprit. Pour être composée de garçons perpétuellement jeunes, qui vont régulièrement au lycée pour tromper leur monde, notre armée n’est pas une armée de vampires. Même s’ils paraissent aimer le sang, nous ne sommes pas dans un des insupportables « romans » de Stephenie Meyer. Nous sommes dans la vie réelle et les FAD’H, il me semble évident, ont réussi à trouver, entre autres grandes découvertes, l’élixir de vie. 

L’on comprend que les administrations successives du Président Michel Martelly se soient données tant de mal  pour les rétablir dans leur droit. L’été dernier, par un beau mois de juillet, le principe est affirmé. Dans un beau livre blanc, notre « développement économique et social durable », adossé à la sécurité que nous garantissent nos forces armées, brille de mille feux. L’armée nous sauvera tous. Nous aurait-on expliqué pour la fontaine de jouvence, nous aurions mieux accueilli la nouvelle.

Il est une certaine poésie dans cette capacité spéciale de nos hommes en vert. Experts de la mort, il semble presqu’aller de soi qu’ils maîtrisent son contraire. Empoisonneurs consciencieux, ils se devaient de trouver l’antidote … et de le garder pour eux. Au cas où. On ne sait jamais. Pour le jour où il leur faudrait se replier et rester alertes en attendant de pouvoir faire leur grand retour en force.

Les FAD’H avaient réussi à se forger, au fil des ans, une réputation de forcenés, de véritables bêtes de travail. Aucune tâche ne leur répugnant, rien n’était au-dessous d’elles. Elles étaient prêtes à s’enfoncer dans les pires bas-fonds et ne se formalisaient pas autrement d’en sortir salies puisqu’elles en retiraient le sentiment du devoir accompli.

Pour maintenir, une telle réputation, il fallait que nos forces armées restent jeunes. Plus important encore, elles devaient être seules à le rester. Aussi, ont-elles gardé jalousement leur découverte. Maintenant qu’elles sont de retour, sur leurs motos de taxi et leurs pickups de camionnettes, peut-être est-ce temps de les inviter à partager leur secret avec nous ? Et si elles insistent pour ne le donner qu’aux militaires, je propose que, prenant exemple sur l’Erythrée, nous étendions le service militaire obligatoire à toute la population, jusque dans la quarantaine.

Le Président Martelly ne pouvant plus, réalisation de la première assemblée nationale oblige, nous gratifier d’un dernier décret d’adieu, nos parlementaires saisiront peut-être, cette occasion de plus de réconforter l’État et nos institutions, au vol. 

7 réflexions sur “Faut-il rétablir le service militaire ?

  1. Une réflexion sarcastique, guidée sur une certaine idéologie contrôlée par le « secteur démo-cratique ». Une idéologie, un comportement qui au lieu d’améliorer le fonctionnement de nos institutions n’a fait que les dévaloriser sans pour autant proposer quelque chose ; nous allons droit vers un chaos ; un pays où toutes les institutions ont été affaiblies, ainsi nos intellectuels de salons trouveront des sujets à discuter. Ils trouveront une raison de se démarquer, se déresponsabiliser. Nos élites excellent dans la destruction mais quand il s’agit de mettre la main pour construire, pouf!!! elles fondent comme du beurre au soleil.
    Prenons l’exemple de l’université d’État d’Haïti. Cette institution est sous le contrôle du secteur démo-cratique depuis plus de vingt ans et les résultats sont là. De belles littératures, de beaux diagnostiques, de belles critiques de l’oligarchie « patripòch » et puis après, ayen. On attend que toutes les étoiles soient alignées pour agir, alors que l’université n’a jamais reçu autant de ressources.
    Pourquoi tout ce sarcasme quand il s’agit d’Haïti ? Est-ce le fruit d’une éducation qui nous a appris dès nos plus jeunes âges :
    1.- À se démarquer des masses qui eux n’ont pas eu la chance d’aller à l’école ;
    2.-À considérer une bonne partie de la population comme des paysans donc des gens inférieurs alors que l’économie du pays est sous leur responsabilité (que produisons-nous en tant qu’élite, rien).
    3.-À ne jamais reconnaitre le côté positif des choses ; faisons un exercice. Est-ce qu’il y a au moins une chose que ces cinq années de cette administration laissera au pays?
    Nous agissons comme le pénis. Nous avons une tête mais pas un cerveau. Nous rentrons en excitation dès nous voyons un vagin. Après l’acte l’homme reprend le dessus et se dit j’aurais dû me retenir.
    Oui l’armée a fait beaucoup d’erreurs, oui ces jeunes sont des imposteurs qu’on doit dénoncer, mais il faut protéger le Nouveau corps de défense en construction, il faut le guider, l’accompagner. Nous en avons besoin d’un service militaire professionnel.

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  2. Vous devez être nouveau ici. Vous m’accusez de beaucoup de choses sans preuve aucune mais peut-être ne le savez-vous pas ? N’hésitez pas à faire un petit tour et lire les autres billets.

    Bienvenue !

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    1. Ma réaction n’est pas personnelle 3SH@, je regrette que vous l’ayez reçu ainsi. C’est une constatation générale que j’ai fait en lisant les réactions sur la situation du pays. Nos intellectuels ne sont jamais responsables. C’est toujours la faute du blanc, du gouvernement etc…
      Effectivement il y a beaucoup de sarcasmes. Nous agissons comme nous ne sommes touchés par la puanteur. Il y a un sauvetage individuel. Je ne suis pas dans cette vase puisque je parle fort, je tire sur tout ce qui bouge, je proteste, je suis contre.
      Si par hasard l’un des leur décide de s’investir ils le sacrifient sans aucune gène, le jugent , se transforment en une sorte de tribunal populaire. Avez-vous connu ce slogan « tribinal popilè,tribinal popilè « . Vous n’avez qu’à regarder ce qu’ils ont fait à Konpè Filo, Mano Charlemagne, Marie Carmel Austin, Pierre Manigat pour ne citer que cela et ces gens là ont aussi combattu pour un autre pays.
      C’est la pensée unique d’un secteur démo-cratique. Eux seuls ont combattu pour la démocratie, ils sont des ayants-droits.
      Beaucoup de gens ne donnent plus leurs opinions. Ils ont peur, peur que leur nom soit sacrifié dans une station de radio et ceci sans recours. La souffrance psychologique que cela inflige est pire que la souffrance physique. Et ca c’est une dérive pour notre société. Ces intellectuels détiennent la vérité. Nous n’avons pas une nation et nous devons nous battre pour créer cette nation.
      Bien à vous!
      Kolokolo.

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  3. Dans la plupart des sociétés il y a une espèce de division du travail qui n’exclut pas les travailleurs de la pensée. Ceux-ci analysent, diagnostiquent et , parfois, indiquent des pistes de solution. Ils s’abstiennent le plus souvent de tout engagement dans la politique active . Cette posture peut décevoir les observateurs bien-intentionnés impatients de voir le changement poindre à l’horizon. Mais il ne faut pas blamer ceux qui font le métier de penser pour les fautes de ceux qui font celui d’agir en politique. Les travailleurs de la pensée , chacun dans son style, alimentent les politiques en données , idées et méthodes. Libre à eux de les utiliser ou pas avec discernement . Un petit tour sur ce blogue, avant d’aller plus loin -je pense à Le savant et le politique de Max Weber notamment- peut nous aider à mieux nous situer. Je recommande le billet sur l’impatience intellectuelle et le petit dernier  » Que faire d’Haiti », exemple d’une contribution intellectuelle globale qui pourrait inspirer nos politiques. 3sh@ vous etes plus habile que moi pour indiquer les liens vers ces billets !

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